Dialogue Philosophique entre Shantideva et Maître Eckhart
5 septembre, 2024 @ 4:10 Grand Patriarche du Temple

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Scène : Un temple tranquille, au sommet d’une montagne, baigné de la lumière dorée du coucher du soleil. Assis en face l’un de l’autre, Shantideva, le grand moine Indien, et Maître Eckhart, le mystique chrétien, partagent un moment de dialogue profond sur la nature de l’existence et de l’âme.

Shantideva : Maître Eckhart, je vous salue. Nous venons de traditions éloignées, mais il me semble que l’essence de notre quête est la même : la libération de l’illusion de l’ego, et la réalisation de la nature véritable de l’être. Dans mon enseignement, je mets l’accent sur la compassion pour tous les êtres, car c’est en les aidant à se libérer de la souffrance que nous nous libérons nous-mêmes.

Maître Eckhart : Je vous salue également, Shantideva. Vous avez raison, bien que nos chemins soient différents, ils convergent vers cette vérité fondamentale : l’abandon du moi. Dans ma tradition, je parle de « détachement ». Ce n’est que lorsque l’homme se vide complètement de lui-même, de ses désirs et de sa volonté propre, qu’il devient une demeure vide, prête à être remplie par Dieu. Comment percevez-vous ce détachement à travers la compassion dont vous parlez ?

Shantideva : Le détachement, tel que je le comprends, est la compréhension que l’ego est une illusion. La compassion naît de cette réalisation, car lorsque l’on voit que les autres êtres souffrent à cause de cette même illusion, il devient impossible de rester indifférent. La Bodhicitta, l’esprit d’éveil, est cette volonté de libérer non seulement soi-même, mais tous les êtres de la souffrance. Pour nous, la souffrance vient de l’attachement aux choses éphémères, à la fausse idée d’un « je » séparé du reste de l’univers.

Maître Eckhart : C’est fascinant. Dans mon expérience, ce que vous appelez « illusion » est ce que j’appelle « le moi créé », cette part de nous qui s’accroche au monde des formes, des objets, et des désirs. Le véritable mystère est que, dans l’abandon de ce moi créé, nous découvrons notre essence non créée, ce que j’appelle l’étincelle divine en nous. Mais je vous pose une question : comment un homme peut-il transcender la souffrance si elle fait partie intégrante de la vie ?

Shantideva : La souffrance est inévitable dans le samsara, le cycle des renaissances, mais elle n’est pas éternelle. Elle est causée par nos attachements et nos illusions. En pratiquant la sagesse et la compassion, on purifie l’esprit, et peu à peu, la souffrance s’efface. Ce n’est pas en fuyant la souffrance que l’on s’en libère, mais en la transcendant par la compréhension. Comprendre la nature impermanente de toutes choses est la clé pour ne plus s’y attacher.

Maître Eckhart : Cela résonne avec ce que je pense du « détachement ». Pour moi, il ne s’agit pas de fuir la vie ou de renier la souffrance, mais de se soumettre entièrement à la volonté de Dieu, en s’abandonnant dans un vide béni. Il n’y a que dans ce vide que nous pouvons connaître Dieu directement. Vous parlez de compassion pour tous les êtres ; de mon côté, c’est l’amour divin qui se révèle lorsque l’homme se vide de lui-même. Cet amour, sans condition ni mesure, est la voie par laquelle l’âme retourne à sa source. Mais dites-moi, comment percevez-vous le rôle de Dieu en tant que créateur dans votre tradition ? Est-il un être transcendant ou est-il immanent dans toutes les choses ?

Shantideva : Dans la tradition bouddhiste, nous ne parlons pas de Dieu créateur au sens théiste. Nous voyons le cosmos comme un enchevêtrement de causes et d’effets, sans un créateur personnel. Cependant, nous reconnaissons une nature fondamentale de la réalité, la vacuité, qui est la base de tout ce qui existe. Cette vacuité est à la fois l’origine et la condition de tout ce qui émerge dans le monde phénoménal. Néanmoins, je comprends que dans votre tradition, Dieu est souvent vu comme un créateur transcendant, une source d’amour et de lumière infinie. Comment cette conception influence-t-elle votre compréhension de la relation entre l’humain et le divin ?

Maître Eckhart : La vision chrétienne de Dieu comme créateur transcendant influence profondément notre compréhension de la relation humaine avec le divin. Dieu est l’origine de tout ce qui existe, mais il est aussi immanent, présent en chaque aspect de la création. La relation entre l’humain et Dieu est donc une union sacrée, où l’âme, en se détachant de son ego, découvre une présence divine toujours là, au cœur de tout être. Cette rencontre est à la fois un retour à la source et une révélation de la présence divine en nous et autour de nous. La transcendance et l’immanence se rejoignent dans l’expérience mystique, où l’âme réalise sa véritable unité avec Dieu.

Shantideva : C’est une vision profondément enrichissante. Nous, dans la tradition bouddhiste, cherchons également à comprendre la nature ultime de la réalité et à réaliser notre propre nature profonde. Bien que nos descriptions diffèrent, il semble que nous poursuivons une quête similaire : celle de la vérité ultime, de la libération et de l’unité.

Les deux sages se regardent en silence, reconnaissant dans les yeux de l’autre le reflet d’une même quête spirituelle, celle de la libération de l’illusion et de l’union avec l’Absolu. Ils savent que, bien que leurs chemins semblent différents, ils mènent au même but : la révélation de l’unité intérieure et la réalisation de l’amour infini qui habite en tout être.

-chevaliersrc
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